La petite robe noire, cet élément pivot du dressing féminin porte à lui seul un fort univers fantasmagorique, celui de la femme qui la porte, à la fois intime et qui donne à voir, et celui de tous ceux qui posent les yeux sur une femme qui l'arbore, à la fois voyeur, admiratif et pas dupe des artifices utilisés. La petite robe noire révèle autant qu'elle cache, mêle l'intime et l'exhibition. Je me suis amusée à mettre en valeur cette dualité en réalisant des prises de vue en plan serré (comme lorsque l'on regarde notre propre corps) d'un corps féminin dans une robe noire dans un cadre privé, au retour d'une soirée, pendant que la femme se prépare, ou en emmenant la robe dans l'intimité du bain. J'avais envie de témoigner de l'oscillation entre narcissisme et vulnérabilité qui se joue dans la séduction, du jeu perpétuel entre le domaine du public et la sphère privée, du regard que l'on porte soi-même sur ce qu'on offre à voir aux autres, volontairement ou involontairement. Car finalement, on ne maîtrise que peu ce que l'on montre de soi, cela dépend aussi du regard de l'autre, et l'on montre souvent autre chose que ce que l'on croyait offrir au départ.